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Henri Bossier (1815-1818) - Un archéologue par passion au sein de l'Académie

 

Henri Boissier naquit à Genève le 2 juillet 1762. Un goût inné pour la littérature dirigea de bonne heure son esprit vers de fortes .études classiques : il les termina par celle de la jurisprudence, et fut reçu avocat a vingt et un ans, en septembre 1783. (…). L'année suivante, la chaire de belles-lettres de l'Académie de Genève étant venue à vaquer, M. Boissier, malgré sa jeunesse, se mit sur les rangs pour l'obtenir; mais le choix de la Vénérable Compagnie des pasteurs et professeurs tomba sur M. Pierre Prévost (…).
 A cette époque, l'Académie ne comptait dans son sein qu'un seul professeur de belles-lettres, et ce professeur, quels que fussent son activité et son talent, ne pouvait, à lui seul, donner aux jeunes gens qui venaient de sortir du collège pour prendre le rang d'étudiants un ensemble d'instruction suffisamment développé. Le temps des élèves n'était pas assez occupé par les neuf heures de leçons par semaine qui étaient imposées à ce professeur unique : et H. Prévost l'avait si bien senti, que, dans son zèle, il avait presque doublé sa tâche, en portant le nombre de ses leçons à seize. Le Petit-Conseil pensa qu'il y aurait convenance à profiter de la bonne volonté que manifestait M. Boissier, pour combler ce vide ; et après un préavis favorable du Sénat Académique, il lui conféra le titre de a professeur honoraire de belles-lettres, avec séance dans l'Académie, sous la condition que pendant huit ans il donnerait gratuitement, aux étudiants de cet auditoire, quatre leçons par semaine dans le cours de l'année académique. Cette nomination fut approu- vée par le Conseil des Deux-Cents.
La manière dont H. Boissier s'acquitta de cette tâche dés- intéressée, lui concilia la faveur publique, puisque, huit ans après, la première fois que le Conseil Général fut appelé à élire do nouveaux membres au Conseil des Deux-Cents en exécution du Code genevois, il fut celui des douze élus qui obtint le plus de suffrages (1er octobre 1792).
Il fit son entrée dans ce Conseil au milieu de conjonctures les plus graves que Genève eût encore rencontrées dans ce siècle, tout rempli pour elle d'émotions politiques. Aux débats intérieurs sur la Constitution du pays, avait succédé l'agitation produite par la révolution française. (…) 
Les violences de l'anarchie ne convenaient ni aux goûts littéraires, ni aux principes politiques de M. Boissier. Comme la plupart de ses amis, il alla chercher, dans la partie de la Suisse la plus rapprochée de Genève, un séjour plus tranquille. Il se retira à Yverdon (…).
Lorsque la révolution genevoise suivit un cours plus modéré, M. Boissier revint, comme professeur, reprendre sa place dans le Sénat Académique réorganisé. Mais Genève ne tarda pas a être réunie à la République française (15 avril 1798) ; M. Roissier fut choisi pour faire partie de l'Administration municipale que le Commissaire du Directoire organisa pour la commune de Genève (…).
En 1799, pendant que M. Boissier avait cessé de faire partie de la Municipalité genevoise, il fut appelé à la Société Economique (13 juillet). Il y fut placé au Comité de l'In- struction publique. (…) En 1800 (le 13 novembre), la Société Académique appela M Boissier aux fonctions de Recteur.
Depuis que la restauration avait réduit le ressort de l'Académie de Genève et replacé l'instruction publique sous la main du Conseil d’Etat et des corps par lui- institués, les fonctions de Recteur avaient perdu en étendue et en importante. Actif comme il l'était, malgré dix lustres bien comptés, M. Boissier désira rentrer dans la carrière de l'enseignement académique. Il le fit de la manière la plus modeste en rem- plaçant provisoirement M. Weber, que sa santé empêchait de continuer ses cours, et en donnant des leçons .dans les deux branches favorites de ses études, les Belles-lettres générales et l'Archéologie (novembre 1816). Cet enseignement provisoire se prolongea pendant trois ans : M. Boissier y fit preuve d'un attachement éclairé aux principes de l'école classique, d'un goût exercé et délicat. Au bout de ce temps, il donna sa démission des fonctions de Recteur qu'il avait exercées pendant dix-huit années consécutives, et accepta la vocation qui lui fut adressée pour remplir la chaire de Belles- lettres générales qui venait d'être créée.
Cet enseignement fut, pendant les années qui suivirent, le but de ses travaux et la grande affaire de sa vie. Dans le vaste champ que sa chaire l'appelait à parcourir, il donna une attention spéciale à l'Archéologie, science pour laquelle il avait un goût tout particulier. Il sentit le besoin d'a- voir, pour son enseignement» un manuel qui fournit aux élèves un abrégé substantiel, un corps de doctrine, et qui servit de texte aux développements contenus dans, ses leçons. Il alla demander ce texte à la littérature allemande, dont il appréciait la solide et consciencieuse érudition, et fit choix de l’Encyclopädie der classischen Alterthumskunde, de Schaaf. Il en tira son Précis d'Antiquités grecques, et son Précis d’Antiquités romaines, qui parurent tous les deux en 1824. (…)
En 1816, une réunion de professeurs et de quelques amateurs d'histoire naturelle, prit l'initiative de la fondation d'un Musée académique., et y contribua elle*même par des dons en nature et en argent. M. Boissier, qui s'était occupé avec intérêt d'histoire naturelle et avait rassemblé de belles collections archéologiques et minéralogiques, en fut le présidant et le promoteur le plus actif. (…) M. Boissier fut encore, par une proposition qu'il fit au Conseil Représentatif le 23 mai 1825, et qui obtint l’assentiment du Conseil d'Etat, le promoteur de la création d'un Conservatoire des arts et métiers. (…)
La sollicitude de M. Boissier pour l'instruction ne se concentrait point exclusivement dans l'enseignement académique. Il fut le promoteur de l’introduction au Collège de l'enseignement de l'histoire et de la géographie tant ancienne que moderne. (…).
En 1839, M. Boissier éprouva le besoin de la retraite (…) il s’étaignit le 18 février 1845. 

 

Extrait d’E. Mallet, « Notice biographique sur M. Henri Boissier, Professeur à l’Académie de Genève, l’un des fondateurs de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève », Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 4, 1845, p. 69-96