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> Waldemar Deonna (1925-1955)

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Waldemar Deonna, Professeur d'archéologie et directeur du Musée d'art et d'histoire

 

Né à Cannes le 24 septembre 1880, il appartenait à une vieille famille genevoise, d'ascendance partiellement danoise ainsi qu'en témoigne son prénom, et c'est à Genève que s'est déroulée sa longue et féconde carrière d'archéologue, d'historien de l'art et des religions, de chercheur et de curieux aux intérêts très variés. Il avait débuté à l'École française d'Athènes, où une section étrangère s'était ouverte en 1900. Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il y fut admis et il put ainsi, de 1905 à 1908, s'initier sur le terrain, notamment à Thasos et à Délos, à l'archéologie grecque qui devait toujours rester au centre de ses préoccupations. En 1908 paraissaient ses deux premiers livres, qui traitaient de la statuaire antique : Les « Apollons archaïques », étude sur le type viril de la statuaire grecque au VIe siècle avant notre ère, et Les statues de terre cuite dans l'Antiquité. Ce dernier travail lui avait valu en 1907 le titre de docteur es lettres de l'Université de Genève, où il devait occuper pendant trente-cinq ans (1920-1955) la chaire d'archéologie et d'histoire de l'art. Il dirigea en même temps, de 1920 à 1951, le Musée d'art et d'histoire de la Ville de Genève (…).

Une liste de ses publications, parue en tête d'un volume d'Hommages qui lui fut dédié en 1957 dans la collection de la revue belge Latomus, ne compte pas moins de 806 titres occupant 48 pages serrées. (…)

Il y a d'abord l'archéologie antique et l'histoire de l'art grec, en particulier l'étude de la statuaire grecque qui fut sans doute sa véritable spécialité. (…) La direction du Musée de Genève orienta Deonna vers l'étude des antiquités locales et régionales, témoin les dix-sept volumes d'Études d'archéologie et d'histoire de l'art (…), intitulés Au Musée d'art et d'histoire et qui parurent de 1933 à 1952, ou encore un traité d'ensemble sur Les arts à Genève des origines à la fin du xvme siècle, publié à l'occasion de la célébration du bimillénaire de Genève en 1942, ou Le Genevois et son art, paru en 1945 dans la revue Genava qu'il avait fondée en 1923 et qu'il rédigea en grande partie de sa propre plume.

(…) Les données folkloriques jouent un rôle important dans les multiples études consacrées par Deonna à l'histoire des religions, à leur sociologie, à leur psychologie, scrutées dans le souci constant de mieux saisir la signification profonde des œuvres artistiques et des monuments archéologiques. (…) Ces recherches s'inspiraient d'une volonté de généralisation qui anime toute l'œuvre de Deonna. Toujours il s'attacha à sortir du cadre étroit de l'érudition, livresque ou technique, pour s'élever à des vues d'ensemble susceptibles d'éclairer, de justifier, de fonder en raison les travaux dont il avait fait sa spécialité.

Quoi qu'on puisse penser de ces idées qui sont en même temps celles d'un helléniste hanté par l'opposition de l'art archaïque et de l'art classique et d'un humaniste troublé par les problèmes du temps présent, elles s'appuient sur une connaissance incomparable des formes, des techniques et des thèmes artistiques. Cette connais sance, Waldemar Deonna l'avait conquise par une vie de travail infatigable et passionné.

 

Extraits de Paul Demiéville, « Éloge funèbre de M. Waldemar Deonna, correspondant étranger de l'Académie », In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 2, 1959. pp. 159-162.

 

 

Jacques Chamay, Chantal Courtois, Serge Rebetez, Waldemar Deonna: un archéologue derrière l'objectif de 1903 à 1939 : [Musée d'art et d'histoire de Genève, 30 mars-27 août 2000], Genève, Musée d'Art et d'Histoire, 2000.